Emma Darwin Création Téatro Del Silencio 2010 - 2012

Photos de Matthieu G. Arte - Emma Darwin

TEATRO DEL SILENCIO Emma Darwin ou Le suicide l'évolution Création 2010 18-21 AOÛT 2010: AURILLAC (Cantal) -

PREMIERE de Emma Darwin au Festival d'Aurillac La compagnie franco-chilienne Teatro del Silencio, sous la direction de Mauricio Celedon, Chorégraphie Lhacen Hamed Ben Bella, rassemble acteurs, danseurs, musiciens, acrobates et plasticiens.

 

Depuis 1989, elle oriente ses recherches vers un théâtre du geste et de l'émotion qui unit le mime, la danse, la musique, le cirque et le théâtre. Ce parti-pris artistique lui a permis de toucher un large public, des hommes, des femmes et des enfants de cultures, d'histoires et de langues différentes, sans barrières ni frontières.

 

Depuis 2003, le Teatro del Silencio s'est consacré à la création d'une trilogie inspirée par le chef-d'oeuvre de Dante La Divine Comédie. Il y eut d'abord O divina la Commedia - Inferno, puis Mère Courage et ses enfants au Purgatoire (2005) en enfin Paraiso (2008), dernier volet de cette trilogie.

 

En 2009, Mauricio Celedon a participé à la mise en scène du dernier spectacle du Cirque Baroque : 4 sous d'Cirk Chorégraphie Lhacen Hamed Ben Bella Il plonge aujourd'hui dans la vie et la correspondance de Charles Darwin pour préparer la nouvelle aventure du Teatro del Silencio, Emma Darwin ou Le suicide de l'évolution.

Avec le souffle lyrique qu'on lui connaît, le Teatro del Silencio dressera le portrait d'un homme qui a révolutionné notre conception du monde vivant, et à travers Darwin et le regard de sa femme Emma, nous emmènera dans un voyage au coeur de notre humanité. "En moins d'un siècle, des hommes, des cultures, des langues millénaires auront été anéantis par l'arrivée des chasseurs de phoques ou de baleines, chercheurs d'or, missionnaires, industriels...

 

Sur les traces de Darwin, nous remonterons le cours du temps, pour essayer de comprendre cette odyssée des évolution. Une traversée qui nous mènera vers la Patagonie, à la recherche de ces peuples Yaman et Selk'nam récemment disparus. Bien qu'imaginé en configuration fixe avec une installation du public circulaire, l'espace scénique d'Emma Darwin reflètera cet univers d'évolution, de trans-formation, de mutation, de migration. Tour de Babel de notre évolution, serre botanique, galerie de zoologie humaine, arbre de vie, terre de feu, ruelle qui monte au ciel, observatoire de nos mémoires, musée de la fin du monde." - Mauricio Celedon Direction artistique, mise en scène et conception : Mauricio Celedon Chorégraphies : Lhacen Hamed Ben Bella Musique : Carlos Fierro et Pablo Quezdada Costumes : Claudia Verdejo Scénographie et accessoires : Marcel Pizarro assisté de Miguel Vera Vauclin Conception lumière : Christophe Schaeffer assisté de David Bouttenot Coproduction : Ateliers Frappaz (Villeurbanne) / Centro cultural Matucana 100 (Santiago du Chili) Avec le soutien de : DRAC Auvergne / Gobierno de Chile DIRAC

 

REVUE DE PRESSE

Un théâtre total qui rassemble mime, danse, arts de la rue, musique et cirque, et dont l'univers frappe par sa puissance visuelle et sa densité symbolique. Un théâtre du corps furieux, profond, cru, d'où fusent beauté et poésie. - La Montagne

 

 

Metteur en scène d’origine chilienne, Mauricio Celedon a une longue histoire d’amour avec le Festival d’Aurillac qui l’avait révélé avec Malasangre étonnant spectacle sur Rimbaud en 1992. Beaucoup d’autres spectacles y ont été créés, Tacataca mon amour, Candides, Nanaqui, Alice underground entre autres. Tous ces spectacles portent sa marque, un rythme musical frénétique, une absence presque totale de texte, une vigueur physique impressionnante, les acteurs s’y consument. Emma Darwin reste dans cette veine avec des éléments nouveaux, l’ouverture sur la procession  d’Emma au bas d’une pelouse où le public est rassemblé à l’entrée du Parapluie d’Aurillac (le lieu de fabrication où le spectacle a été répété).

 

 

 

On suit les acteurs en grand deuil jusqu’à une table de buffet où sont disposés des pains, où l’on verse du vin, l’officiant interprété par Eugène Durif prononce quelques mots sur le savant et sa défunte épouse avant de nous laisser pénétrer dans la salle, devant un gigantesque mur images qui occupe le fond du plateau. Les images se succèdent sur un rythme soutenu, trois ou quatre Emmas vivant leurs passions et leurs morts, en robes longues un rameau à la main, debout sur un piano qui travers le plateau, puis nues, se roulant dans la terre et la fange, arrachant le crin des matelas qu’elles déchirent. Un serviteur noir nu lui aussi se déchaîne sur un fond du mur images qu’on dirait venues d’Australie, il est ensuite en grande tenue pour apporter une carafe d’eau à la maîtresse de maison… On n’en finirait pas de décrire ce flot d’images qui nous engloutit et nous stupéfie.

 

On en ressort sonnés, un peu émus, gênés de n’avoir pas tout compris. Ce n’était sans doute pas l’objectif de Mauricio Celedon

 

Edith Rappoport

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Emma Darwin, par Teatro del silencio

Direction et mise en scène Mauricio Celedo

Dramaturgie Eugène Durif, Mauricio Celedon

Chorégraphe Lhacen Hamed Ben Bella 

Retrouver Eugène Durif se faisant le porte-parole de Charles Darwin, c'est un bon présage et, surtout, le préambule à un superbe spectacle consacré au grand explorateur anglais : la compagnie Teatro del silencio nous invite en effet à pénétrer son univers par le biais de sa fidèle compagne, Emma.

De petites scènes s'enchaînant à un rythme effréné, on ne s'ennuie pas une minute. La scénographie est irréprochable : projections vidéos, costumes et décor de rêve (tel ce piano à queue transformé en bateau), musique de Chopin… tout concourt à rendre totale l'immersion dans le XIXe siècle scientifique. Les images de ce spectacle silencieux (ils étaient nombreux à Aurillac cette année !) sont sublimes : un vieil homme traîne des lapins dans des cages de verre ; des femmes parées de dentelle anglaise dansent avant d'être chassées, comme des biches, et leur chair dépecée ; un Noir nu, sorti d'une cage avec sa chaîne, renvoie aux indigènes qui peuplaient les zoos humains… Évocation de rites tribaux, images de singes empaillés ou mariée en cage avec colombe et vanité, cette dramaturgie témoigne décidément d'une recherche esthétique et harmonieuse, visuelle autant que musicale.

Les comédiens sont admirables : leur jeu, impeccable et très expressif, laisse bien filtrer les sentiments à l'œuvre : peur, plaisir, colère ou douleur…

Pourtant ce spectacle renvoie à la mort, car la vie de Charles Darwin, comme celle de ses proches ou de tous ceux qu'il a rencontrés, est placée sous le signe de l'anéantissement : tortures, suicides et mises à mort, physiques ou psychiques. De fait, le naturaliste ne signifie-t-il pas la fin d'un monde ?

Une réserve, toutefois : pour bien comprendre de quoi il est question et pouvoir situer les personnages et les lieux, il est utile voire indispensable de lire le petit résumé de la pièce avant le spectacle, ce qui est dommage. À moins que, délibérément, l'on préfère se laisser prendre au jeu de la danse, de la pantomime, et divaguer en territoire poétique…

Barbara Petit